ZÉRO DÉCHET

Pratique qui consiste à supprimer les déchets de sa consommation directe et indirecte et dont la stratégie des 3R est : Réduire - Réutiliser - Recycler. Reprise et popularisée par Béa Johnson dans son livre "Zéro waste", la devise devient alors (dans cet ordre chronologique) : Refuser - Réduire - Réutiliser - Recycler - Composter.


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POURQUOI PRATIQUER LE ZÉRO DÉCHET

Notre société de consommation ne sait que faire de ses déchets : elle en produit tellement (354kg d'ordures ménagères par habitat hors déchets verts et 13,8 tonnes par habitant en prenant en compte la production totale des déchets en France - Source), qu'elle croule sous les détritus et n'a d'autres choix, en fin de filière, que de les enfouir ou de les incinérer pour la plus grande majorité : 66% ! Les traitements des déchets sont pour la plupart sources de pollution des sols, des eaux, de l'air et ne font que déplacer le problème. Par ailleurs, les filières de recyclage ne sont pas la panacée pour autant : elles polluent aussi et nécessitent énormément d'énergie, sans compter que la plupart des matériaux recyclables ne le sont pas indéfiniment (on retarde alors le moment de leur mise en déchèterie ou incinération). Pratiquer le zéro déchet permet de solutionner en partie la problématique de la gestion des détritus à la source : le meilleur déchet étant celui que l'on ne produit pas !

État des lieux de la production de déchets

  • Tous les détritus qui remplissent nos poubelles (les 354kg/an/habitant) ne sont que la partie visible des déchets issus de nos achats. Avant d'arriver dans nos caddies, les produits achetés ont déjà provoqué de la pollution et des déchets de part : l'extraction des matières premières et leurs transformations, l'usinage, le conditionnement, le transport, etc. Il faut savoir aussi que toute activité économique et toute entreprise (qu'elle soit du secteur primaire - secondaire ou tertiaire) produit des déchets "invisibles" aux yeux du consommateur : "(...) en prenant en compte les déchets professionnels (BTP, industrie, agriculture, activités de soins), on atteint 13,8 tonnes de déchets produits par an et par habitant." (Source : CNIID - Les déchets en France : quelques chiffres).
  • Au-delà de la production de déchets, l'utilisation des énergies (dérivés du pétrole, électricité, etc.) et de l'eau, bien que non palpables car ne remplissant pas "physiquement" nos poubelles, sont aussi une source de pollution à prendre en considération.
Source : Cniid

État des lieux du recyclage en France

Seuls 34% de nos détritus (ceux produits par nos ménages) sont recyclés ou valorisés en France : le reste part en déchèterie ou en incinération. Pour autant, cette valorisation des déchets n'est pas LA solution à nos poubelles : il faut produire moins de déchets, et le peu que l'on produit devrait être recyclable indéfiniment. En effet, il est préférable d'utiliser des matières premières recyclées, malgré le coût énergétique et financier, car c'est autant de pression en moins sur les ressources naturelles de notre planète par rapport à une matière neuve.
Incinération : 30 %
Décharges : 36 %
Valorisation matière (recyclage) : 20 %
Gestion biologique (compostage - méthanisation des déchets organiques) : 14 %


Métal

Le métal a l'avantage d'être recyclable à l'infini et surtout : son recyclage permet d'économiser l'énergie par rapport à sa première fabrication (-95% d'énergie en moins pour l'aluminium et -70% pour l'acier).

Papier et carton

Les papiers et cartons représentent près de 1/4 des déchets en France alors que seulement 53% des déchets papiers sont recyclés. Près de 65% de la pulpe utilisée pour la création du papier neuf (en France) provient de la filière de recyclage, sachant que le papier ne se recycle que de 2 à 5 fois (voir 7 pour certaines fibres) : les fibres de cellulose se dégradent à chaque cycle de recyclage et doivent donc être mélangées à des fibres vierges lors de la fabrication de nouveaux papiers. Utiliser du papier recyclé permet de réduire la consommation de ressources lors de la fabrication du produit final : 1 tonne de papier à base de bois nécessite 10 arbres + 60m3 d'eau + 16 méga watts alors que 1 tonne de papier recyclé réduit : de 6 fois le volume d'eau et de 2 fois l'énergie nécessaire.

Verre

Le verre se recycle à l'infini. Le taux de recyclage du verre était de 74% en 2013.

Plastiques

Le plastique est issus de l'industrie pétro-chimique (ressource non renouvelable et dont l'exploitation et l'utilisation polluent) et est un matériau qui ne se recycle pas indéfiniment. Tout produit ou emballage à base de plastique se retrouve tôt ou tard dans un incinérateur ou en décharge, voir dans les océans pour former un 7ème continent. D'ailleurs, seuls 3 types de plastique se recyclent, en sachant que tout objet conçu dans l'une de ses 3 matières n'est pas forcément recyclé (ex : les sacs en plastique des super-marchés sont en PET mais ne sont pas recyclés car cela coûte plus cher que d'en fabriquer des neufs, ils seront interdits au 1er juillet 2016) :
L'utilisation de ce genre de matériaux est donc néfaste au plus haut point pour l'environnement : tant au niveau de l'extraction des ressources premières que de la fin de vie de ces produits. Les matières plastiques sont donc à boycotter en priorité.


COMMENT PRATIQUER LE ZÉRO DÉCHET


Au vu de ces quelques graphiques, on comprend bien que les poubelles des ménages ne sont qu'une infime part de la production totale des déchets en France. C'est pourquoi la pratique du "zéro déchet" implique de Réduire ses achats neufs et de Réutiliser les objets (en utilisant le seconde main ++ et en réparant) pour éviter la confection d'objets nouveaux et donc la production des déchets en amont du consommateur.

Concernant les achats neufs, la réduction de son empreinte écologique passe par l'utilisation de filières éthiques et écologiques de production, en faisant du BUYCOTT et BOYCOTT (autant que possible) pour inciter les entreprises et les commerces à prendre en considération l'impact écologique des produits et services qu'ils proposent. Il faut donc considérer, avant tout achat, les coûts écologiques de : la production, l'utilisation, la fin de vie du produit.

Nous venons de voir que la gestion de nos déchets est défaillante. Vous connaissez certainement l'adage "Mieux vaut prévenir que guérir", et bien c'est la même chose pour les déchets. Au lieu de déplacer le problème en bout de chaine avec le traitement des déchets qui ne solutionne en rien la problématique, la clé est de diminuer la production des déchets et le gaspillage à la source, c'est-à-dire en amont et au moment de l'achat. Pour cela, vous pouvez mettre en pratique le zéro déchet par la règle des 5R.

La règle des 5 R

Les 5R sont les 5 actions de base pour pratiquer le zéro déchet. Selon Béa Johnson, recycler n'est pas la panacée : lutter contre les déchets doit se faire en amont, c'est-à-dire en refusant d'acheter ce qui produira au final du déchet.

Refuser

Refuser ce qui est inutile et dont on n'a pas besoin. Il ne sert à rien de s'encombrer d'objets qui finiront au fond des placards et viendront "encombrer" son espace de vie. En cela, la vision de Béa Johnson rejoint un mode de vie minimaliste délesté du superflu, du désordre et de l'accumulation. Refuser, c'est aussi s'abstenir de consommer des produits emballés et sur-emballés qui produisent des déchets pour rien. Ainsi, on buycott les produits en vrac et on boycott les produits à usage unique ou ceux emballés ou ayant une forte empreinte écologique.

On peut aussi considérer cette "règle du refus" comme un boycott qui devrait aller au-delà de la suppression des emballages : le boycott permet de rejoindre une pratique permettant de diminuer l'empreinte écologique en prenant en considération d'autres critères que ceux des emballages et des déchets. En effet, acheter sans emballage un produit importé ou non écologique est un non-sens en soi.

Réduire

On réduit la consommation de ce que l'on ne peut se passer pour garder seulement l'essentiel : ce qui est nécessaire, ce qui est utile, ce qui est source de bonheur et ne peut être remplacé par une alternative zéro déchet.

Réutiliser

On réutilise ce que l'on consomme et ce que l'on n'a pu ni refuser ni réduire. C'est l'objectif du up-cycling et du down-cycling. Au lieu d'acheter un objet, n'a-t-on pas en notre possession quelque chose qui pourrait avoir le même usage ? Ne peut-on pas emprunter ou acheter de seconde main plutôt que d'acquérir du neuf ? Ne peut-on pas réparer plutôt que racheter ?

Recycler

Si on a refusé le superflu et le polluant, réduit notre consommation et réutiliser tout ce que nous pouvions, il reste le recyclage de ce qui remplit nos poubelles. Pour cela, il faut faire le tri de nos déchets afin que ceux-ci soient valoriser dans les filières correspondantes (voir le guide du tri).

Rot = composter ou lombricomposter

Les déchets organiques ne devraient jamais finir dans une poubelle. Ce sont des matières pleines de nutriments qui enrichissent les sols et permettent une bonne croissance des plantes. Ils existent 3 façons de valoriser les déchets verts (down-cycling) : le compostage et la méthode Bokashi lorsqu'un espace vert est accessible et enfin le lombricompostage pour les appartements et les collectivités ne possédant pas d'espaces verts.

EMPREINTE ÉCOLOGIQUE ET ZÉRO DÉCHET


En tant que consommateur, raisonner uniquement en terme de production finale de ses déchets est un non-sens : les ménages ne sont à l'origine que de 4% du volume des déchets totaux produits en France, les 2 plus grandes sources étant : l'agriculture avec 43% et les mines + BTP avec 41% (soit un total de 84% du volume des déchets!). De plus, ce volume ne prend pas en compte l'énergie grise.

Pratiquer le zéro déchet n'a de sens que dans une démarche globale visant à réduire son empreinte écologique : diminuer le volume de ses poubelles n'est qu'une démarche parmi d'autres. Ainsi, acheter un produit non-emballé mais qui a été importé de loin et/ou provenant d'une filière non-écologique est un non-sens.

En sommes, la démarche de pratiquer le zéro déchet doit s'intégrer à un ensemble d'actions cohérentes et ne se suffit pas à elle-même. Cet ensemble cohérent d'actions devrait comporter une réflexion sur le développement durable et donc :
  • le gaspillage : de l'eau, de l'énergie, des denrées alimentaires, le jetable et "l'usage unique" qui sont une source de gaspillage quoique l'on en pense,
  • l'alimentation carnée et les produits issus des animaux mais aussi les modes de production permaculturelle > biologique > raisonnée (rappelez-vous : l'agriculture produit 43% des déchets en France - voir la slow food sur wiki),
  • le localisme : locavorisme, vente directe circuit court, AMAP, agriculture de proximité, commerces de proximité, ...
  • une consommation limitant les produits issus de la pétrochimie ou polluants,
  • des habitats en éco-construction (rappelez-vous : les mines + BTP sont la source de 41% des déchets produits en France)
  • diminuer sa consommation de "neuf" : acheter de seconde main, pratiquer le DIY et privilégier le "Fait maison" pour faire du cyclage : up-cycling - downcyling, faire réparer, donner, troquer etc.
  • l'emballage et le sur-emballage,
  • ...

Par exemple, je n'ai pas de scrupule à acheter un produit végétalien emballé plutôt qu'un steak sans emballage : j'ai beaucoup plus d'impact sur mon empreinte écologique en faisant ce choix, même si en apparence on pourrait penser le contraire (vu que mon produit alimentaire végétalien remplit ma poubelle par son emballage).

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