Petite brève sur le "consommer mieux"

Changer ses habitudes de consommation pour tendre vers une démarche plus éthique et écologique a certains inconvénients : l'imprévu, le budget et la frustration à ne plus consommer des produits par ailleurs faciles d'accès... Bref, il faut concilier sans pour autant se couper du monde ou vivre en autarcie : la tâche est rude. Je m'étais fixée un objectif dans ma nouvelle démarche : trouver des alternatives aux produits de consommation courante, ces alternatives étant principalement du DIY et le remplacement d'objets dits "jetables" ou à usage unique par du "durable".

Pour que cette démarche soit recevable sur le long terme, j'avais fait une liste des critères auxquels devaient répondre ces alternatives (CF mon billet "La guerre aux déchets" puis repris dans les principes des "Alternatives") :

  • simples dans leur mise en place, 
  • pas plus chers, 
  • aussi efficaces et faciles d'utilisation. 



Les difficultés du "consommer mieux"

Au-delà de trouver des alternatives pérennes dans le temps, je me heurte à des problématiques que je n'avais pas forcément envisagées au départ, ce changement de consommation affectant ma façon de vivre et mon organisation quotidienne.

Le DIY : une parade, mais pas la panacée

Comme certains produits (pour correspondre à mon nouveau mode de consommation) sont plus chers (il faut équilibrer la balance du budget) ou inexistants, la solution est de les confectionner soi-même lorsqu'on le peut. Le "fait maison" permet aussi de fabriquer des produits qui correspondent à notre éthique, mais qui sont par ailleurs impossibles à trouver en magasin selon ces critères.

Pour l'instant, j'en suis aux produits cosmétiques, aux produits d'entretien de la maison et du linge, certains produits alimentaires...

Je me rends compte que, le DIY prenant du temps, qu'il faut prévoir et gérer ses stocks de façon plus précise pour éviter la facilité du supermarché et donc les produits qui ne correspondent plus à mon éthique. Mais pour prévoir, il faut en avoir le temps : le temps de faire, le temps de se déplacer dans un magasin en vrac par-ci ou dans un magasin bio par là. Il y a donc moins de place pour l'imprévu et la dernière minute.

L'inévitable société de consommation : la culpabilité VS l'achat du "moins pire" ?

Il y a des produits non éthiques et non écologiques dont on ne peut se passer : les EEP, le matériel de bricolage... certains emballages inévitables (je cherche encore du PQ non emballé !). Il y a aussi tout ce que l'on ne peut pas faire soi-même ou difficilement en remplacement de produits non éthiques : par manque de compétence, de matériel, de place ou simplement de temps. Ces produits-là sont donc achetés : la prise de conscience de leur impact sur la planète peut devenir une source de culpabilité jusqu'alors inconnue dans le domaine qu'est l'achat - la consommation.

Il faut garder à l'esprit que l'idéal n'existe pas, en ce sens et sauf vivre en totale autarcie (et encore...), chacun produira du déchet et aura un impact sur la planète malgré tous les efforts engagés, et il ne faut pas s'en vouloir. Le but étant une prise de conscience, une réduction de l'empreinte écologique et une mise en lumière des avantages - utilités à acheter quelque chose en comparaison à "son prix écologique" : l'utilité (ou l'usage que je fais) du produit ou objet vaut-il l'impact environnemental qu'il engendre ?
  • Pour l'alimentation, le tout bio ou issu de l'agriculture raisonnée est budgétairement impossible et si on rajoute le critère du zéro déchet, la démarche devient un parcours du combattant. Une solution serait d'aller tous les weekends à la cueillette de Gally, mais nous avons aussi une vie à "vivre" par ailleurs, et notre quotidien ne doit pas devenir l'esclave de notre nouveau mode de consommation : ça serait un comble ! 
  • Pour certains objets, la solution est d'acheter de seconde main. Cela permet de réutiliser un objet existant sans faire de pression écologique de par sa production (il est déjà crée), la seule empreinte crée par ce mode d'achat résultera de son utilisation puis de sa destruction ou recyclage lorsqu'il sera en fin de vie. 

L'idéal n'existe pas pour tout, la solution est de prendre le moins pire en connaissance de cause et sans culpabilité : on fait ce qui nous est possible de faire.

L'accessibilité et la "possibilité de..." sources de frustrations VS le détachement du minimalisme

Consommer mieux rime-t-il avec le deuil de la société de consommation et tous les avantages qu'elle permet ? Ce mode de pensée ferait naitre la frustration de s'auto-interdire certains produits ou achats. J'ai grandi dans une société de consommation et d'ultra-libéralisme où tout peut être acheté et consommé tout de suite, à un prix fait au dépens de l'environnement et de l'humain. Se couper de cette société de consommation s'est se priver des avantages qu'elle offre (d'un certain point de vue) : facilité d'accès et prix bas pour le consommateur.

Le "consommer autrement" ne peut se faire si on considère cette démarche du point de vue de la privation et de la contrainte. Le "consommer autrement" serait plutôt un glissement vers un mode de vie plus minimaliste. Le minimalisme, c'est se rendre compte que l'on n'a pas "besoin de..." et se désencombrer du superflu en comparaison à une société de consommation qui nous crée des besoins afin de nous faire acheter. Ce mouvement de consommation minimaliste porte bien son nom : "simplicité volontaire" ou autrement appelé par "sobriété heureuse". La réduction de ma consommation doit donc être volontaire et ne doit pas être une source de privation et / ou de frustration.

Avec mon changement de consommation, je ne peux plus consommer tous les produits auxquels j'avais l'habitude, leur équivalence éthique étant inabordable ou inaccessible. Cette inaccessibilité est encore source de frustration, mais la pensée minimaliste me fait gagner une certaine liberté et un enrichissement. Cette nouvelle façon de vivre le monde est une façon de privilégier le savoir et le développement personnel au lieu de posséder tout et à tout prix. En possédant moins, on s'enrichit de nouvelles expériences et de nouvelles compétences.

Ce blog en est la preuve, car en cherchant des alternatives : je lis, j'apprends, j'expérimente, je me questionne et je partage autour de moi...

Consommer autrement : le buycott / boycott

J'ai l'impression parfois de vouloir vivre en autosuffisance à vouloir tout faire moi-même. Pourtant, ce nouveau mode de consommation permet un équilibre entre le buycott et le boycott :

  • le buycott permet d'injecter de l'argent dans des filières écologiques, éthiques et durables au dépens des produits et objets polluants et / ou coûteux en termes social et environnemental. L'achat devient donc ici un acte politique, comme un vote qui dirait oui à une façon de produire plus respectueuse de l'homme et de la planète, 
  • le boycott permet de faire une pression négative sur les produits moins éthiques ou durables du fait de ne pas les acheter. Ainsi, on ne renforce pas les industriels ou les producteurs dans une telle démarche. 

Finalement, consommer autrement devient un nouveau mode de pensée, délesté des critères de mode - du superflu - des promesses marketing. C'est vivre en accord avec ses principes, sans en devenir l'esclave et tout en gardant le recul nécessaire pour éviter un sentiment de culpabilité lors "d'achats inévitables et non éthiques". Consommer mieux nécessite aussi une refonte de sa façon de vivre et de l'organisation de son quotidien :

  • savoir où mettre ses priorités, se questionner, se recentrer sur ce qui nous semble être essentiel, 
  • réorganiser son intérieur et ses rangements - son emploi du temps - ses activités, sans pour autant se fermer au monde extérieur, bien au contraire.

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